26/11/2024
 DANS 
ÉCONOMIE

Le regard des salariés seniors sur leur parcours professionnel

Cette étude est sous embargo de diffusion jusqu'au jeudi 28 novembre 2024

Satisfaction, regrets, désir d'entreprendre...

Les salariés seniors et leur carrière

Si aucune loi ne fixe formellement l’âge auquel l’on devient un senior, il est communément admis que passé 45 ans – voire avant dans certaines branches – les salariés basculent dans cette catégorie.

C’est souvent pour eux le moment de regarder en arrière, de faire le point de leur moitié de carrière professionnelle déjà effectuée, et de se projeter vers la vie professionnelle qu’il leur reste à accomplir.

Comment vivent-ils ce regard rétrospectif ? Ont-ils des regrets ou, au contraire, des motifs de satisfaction et de fierté ? Femmes et hommes vivent-ils les choses de la même façon ? Et après des années de salariat, ont-ils envie de faire le saut vers l’entrepreneuriat, synonyme de plus de liberté, mais également de contraintes nouvelles ?

Afin de le savoir, le site L-Expert-Comptable.com a confié à FLASHS le soin d’interroger quelque 500 salarié(e)s en activité âgé(e)s de 45 ans et plus.

Leurs réponses apportent un éclairage particulièrement intéressant sur la vision qu’ils ont de leur parcours et témoignent de différences marquées selon le genre des personnes interrogées.

Les femmes bien plus insatisfaites de leur carrière que les hommes

Lorsqu’ils repensent à leur carrière, de nombreux salariés seniors expriment des regrets, notamment les femmes.

·  63% des répondants âgés de plus de 45 ans expriment des regrets concernant leur parcours professionnel, dont 34% qui auraient préféré explorer d’autres domaines, et 15% qui estiment ne pas avoir pris suffisamment de risques ;

·  14% regrettent d’avoir négligé leur vie personnelle, un constat plus fréquent parmi les cadres (22%) ;

·  Les différences entre genres sont significatives : les femmes se disent plus souvent insatisfaites de leur carrière (29% contre 19% des hommes) ;

·  Les salariés hommes sont plus nombreux que leurs homologues féminines à exprimer de la satisfaction (38% contre 31%) ou de la fierté (30% contre 22%) en repensant à leur carrière ;

·  7% des femmes disent ressentir un sentiment de gâchis contre 4% des hommes ;

·  Toutefois, 68% des salariés seniors souhaitent poursuivre leur carrière dans leur activité actuelle ;

·  Environ 12% envisagent une reconversion, tandis que 3% l’ont déjà amorcée.

L’entrepreneuriat séduit un salarié senior sur cinq

Une partie des salariés de plus de 45 ans voit dans l’entrepreneuriat une opportunité de changer de vie, même si des freins importants limitent leurs ambitions.

· 62% des salariés seniors écartent l’idée de se lancer dans l’entrepreneuriat ;

· Près de 19% se disent tentés, dont 4% en font une véritable option ;

Parmi les motivations principales :

39% aspirent à une plus grande indépendance et liberté d’action ;

28% souhaitent transformer leur passion en métier ;

16% voient dans l’entrepreneuriat la possibilité d’améliorer leurs revenus ;

· En cas de passage à l’acte, la création d’une petite entreprise individuelle a les faveurs de la majorité des répondants (54%), suivie par la reprise d’une entreprise existante (17%) ou un investissement passif dans une société (14%) ;

· Si c’était à refaire, 38% des salariés seniors déclarent qu’ils auraient choisi l’entrepreneuriat en début de carrière ;

· Les hommes sont beaucoup plus nombreux à dire rétrospectivement qu’ils auraient pu emprunter cette voie à l’aube de leur parcours (46% contre 30% des femmes).

Les forces et les faiblesses de l’âge

Si certains salariés seniors perçoivent leur âge comme une force pour entreprendre, d’autres, plus nombreux, y voient une source de difficultés.

· 30% des salariés estiment que leur maturité et leur expérience constituent un atout pour entreprendre, notamment chez les cadres (37%) ;

· Cependant, 43% y voient une source d’obstacles, qu’il s’agisse d’un manque d’énergie, de difficultés à rassembler les fonds nécessaires ou encore de la peur de ne pas maîtriser de nouvelles compétences ;

· 21% redoutent de ne pas disposer de ressources suffisantes pour se lancer ;

· Les femmes et les hommes partagent les mêmes craintes financières en matière d’entrepreneuriat : 35% se disent inquiets vis-à-vis de leurs revenus et des charges à assumer.

Le point de vue de Léa Paolacci, chargée d'études

L’étude illustre certaines tensions dans les trajectoires professionnelles des personnes actives de plus de 45 ans. Les regrets de carrière, particulièrement exprimés par les femmes, reflètent des parcours marqués par des attentes sociales différenciées. Ces pressions influencent les ambitions et les choix, souvent réévalués tardivement avec un sentiment d’inachevé.

Par ailleurs, l’attrait tardif pour l’entrepreneuriat traduit un besoin universel d’autonomie et de liberté décisionnelle. Cependant, il témoigne aussi d'une prise de conscience souvent tardive des opportunités d’action. Ce décalage questionne la manière dont sont perçus, voire sous-estimés, les risques et les bénéfices d’un projet entrepreneurial à un jeune âge. Cela interroge la capacité des institutions à promouvoir des voies alternatives au modèle salarial dominant.

Enfin, tandis que certains valorisent leur expérience comme un atout pour entreprendre, d’autres, notamment parmi les catégories socioprofessionnelles modestes, perçoivent leur âge comme un frein. Cette ambivalence exprime des inégalités structurelles et des croyances limitantes profondément ancrées, qui influencent différemment les hommes et les femmes.

Enquête réalisée par FLASHS pour L-Expert-Comptable du 7 au 14 novembre 2024 par questionnaire autoadministré en ligne auprès d’un panel Selvitys de 2 000 Français et Françaises âgé(e)s de 18 ans et plus représentatif de la population française, dont a été extrait un échantillon de 500 salarié(e)s âgé(e)s de 45 à 64 ans.