27/6/2024
 DANS 
ÉCONOMIE

Entrepreneurs et gestion financière : entre confiance et pratiques à risque

Si l'entrepreneuriat est souvent associé à l'audace et à l'innovation, la gestion financière en est un pilier souvent méconnu. Une étude menée par FLASHS pour L-Expert-Comptable.com, spécialiste en services de comptabilité, lève le voile sur les pratiques financières de 1 200 entrepreneurs français et révèle une réalité contrastée entre confiance en soi et lacunes potentielles.

Bien que la majorité s'estime bien informée sur les aspects financiers, certaines pratiques interrogent, notamment en ce qui concerne l'utilisation des fonds de l'entreprise et le recours à l'expertise comptable.

Cette étude met en lumière un paradoxe : une confiance affirmée, mais des actions en décalage avec une gestion financière rigoureuse. Notre enquête souligne l'importance cruciale d'un accompagnement professionnel et de renseignements clairs et accessibles pour permettre aux entrepreneurs de naviguer sereinement dans les eaux parfois troubles de la finance.

La confiance des entrepreneurs en leurs finances

Une large majorité d’entrepreneurs jugent avoir de bonnes connaissances en gestion financière.

86% des entrepreneurs interrogés estiment avoir de bonnes connaissances en gestion financière. Parmi eux, 30% se considèrent même "experts".

Cette assurance est particulièrement marquée chez les chefs d'entreprise (37%) et les jeunes entrepreneurs (42%).

Des sources d'information contrastées

L'expérience façonne les choix des sources d’information des entrepreneurs.

40% des entrepreneurs expérimentés privilégient les conseils de professionnels, alors que 33% des débutants se tournent davantage vers internet et les réseaux sociaux.

Cette dichotomie met en lumière l'importance cruciale d'un accès à des informations financières fiables et adaptées à chaque étape du parcours entrepreneurial.

Des pratiques financières à encadrer

Les dérives financières sont courantes et touchent près de 2/3 des entrepreneurs.

62% des entrepreneurs ont déjà adopté des pratiques financières discutables. Parmi elles, l’octroi de cadeaux en nature à des clients ou partenaires (40%), l'utilisation des fonds de l'entreprise pour des dépenses personnelles (39%) ou l'omission de déclarer certains revenus (24%) sont monnaie courante.

Ces pratiques sont plus fréquentes chez les hommes (67%), les chefs d’entreprise (70%) et les entrepreneurs les plus expérimentés (61%). Paradoxalement, 69% de ceux se déclarant "experts" en gestion financière sont les plus enclins à adopter ces pratiques, soulignant la nécessité d'un encadrement renforcé et d'une sensibilisation accrue aux règles de l'éthique financière.

La carte bleue professionnelle : entre outil professionnel et tentation personnelle

Des futures vacances aux frais de l'entreprise pour 1/4 des entrepreneurs.

27% des entrepreneurs envisagent d'utiliser leur carte bancaire professionnelle pour leurs dépenses personnelles pendant les vacances d'été, une pratique plus courante chez les hommes (33%) et les chefs d'entreprise (32%).

Cette tendance soulève des questions sur la séparation entre finances personnelles et professionnelles, nécessitant un accompagnement renforcé.

Le spectre du contrôle fiscal

Voir leur gestion scrutée à la loupe est redouté par de nombreux entrepreneurs.

32% des entrepreneurs redoutent un contrôle fiscal, en particulier les dirigeants d'entreprise (36%) et les jeunes (49%). Cette inquiétude est également renforcée chez ceux ayant déjà eu recours à des pratiques financières discutables (42 %).

Face à cette inquiétude, un besoin en formation se fait sentir. En effet, 37% réclament davantage des formations et du conseil sur les bonnes pratiques financières.

Micro-entrepreneur : un statut pratique aux frontières encore ambigües

Bien qu’une grande majorité des entrepreneurs connaissent les limites de leur statut, une grande disparité existe selon l’âge.

Si 76% des micro-entrepreneurs connaissent les limites de leur statut, seulement 64% des jeunes (18-24 ans) déclarent être bien informés, contre 80% pour les plus de 35 ans. Ce point souligne la complexité du système et la nécessité d'un accompagnement personnalisé pour aider les entrepreneurs, notamment les jeunes, dans leurs choix tout au long de leur carrière.

Par ailleurs, le coût perçu lors d'un changement de statut juridique reste un frein majeur, même pour les entrepreneurs bien informés (40%).

Enquête réalisée par FLASHS pour L-Expert-Comptable.com du 7 juin au 14 juin 2024 par questionnaire autoadministré en ligne auprès d’un panel Selvitys de 1 200 dirigeants d’entreprises et freelances âgés de 18 ans et plus, représentatif de ces catégories socio-professionnelles.

Photo : Mikhail Nivol / Pexel