14/3/2023
 DANS 
SOCIÉTÉ

Fantômes, astrologie, miracles... Regards croisés USA-France

Étude diffusée en mars 2023

Croyances irrationnelles et superstitions aux États-Unis et en France

Dans une chronique publiée dans le New York Times et consacrée à l’essor des sorcières et de l’astrologie aux USA, le chroniqueur David Brook soulignait en juin 2019 : “L’intérêt pour l’occulte augmente dans les périodes de transition et de désillusion”.

En France comme aux États-Unis, la plupart des croyances en des phénomènes irrationnels sont effectivement en nette progression depuis plusieurs années. Quête de sens et besoin de contrôle dans un monde qui change très rapidement, influence des réseaux sociaux où les fake news circulent en masse, remise en cause de la parole scientifique lors de la pandémie de Covid-19 : cet engouement pour le paranormal et les sciences occultes se nourrit à l’évidence de plusieurs sources. 

L’étude sur ce sujet menée par l’IFOP des deux côtés de l’Atlantique à la demande de Flashs et du site spécialisé dans les voyages AMB-USA.fr permet non seulement de mesurer cette évolution, mais également d’établir un comparatif entre ce auquel croient le plus Français et Américains.

Les résultats de cette enquête montrent sans ambiguïté que si l’on est nettement plus sensible à différentes superstitions au pays de l’Oncle Sam que dans l’Hexagone, certaines croyances - en les fantômes par exemple - ont pris de l’ampleur dans des proportions presque identiques dans nos deux pays au fil des années.

Fantômes chez les Américains, transmission de pensée chez les Français


  • Parmi les différentes formes d’occultisme qui leur ont été soumises, la croyance dans les fantômes arrive en tête chez les répondants américains (46%) et en deuxième position (24%) chez les Français.
  • Cette croyance a considérablement évolué au cours des 4 dernières décennies tant aux États-Unis qu’en France : en 1978, à peine plus d’un Américain sur 10 (11%) était dans ce cas, tandis qu’en France, seulement 5% des personnes interrogées en 1982 y souscrivaient.
  • D’une manière générale, les Américains sont plus nombreux que les Français à croire en une ou plusieurs sciences occultes (69% contre 59%), chiffres toutefois élevés des deux côtés de l’Atlantique.
  • La transmission de pensée est la seule forme d’occultisme à laquelle les Français adhèrent plus massivement que les Américains (40% dans l’Hexagone contre 30% au pays de l’Oncle Sam).
  • Lorsque l’on aborde la question des tables tournantes, des sorcières ou des démons, d’importants écarts apparaissent entre nos deux populations. Les Américains sont ainsi presque deux fois plus nombreux à croire aux sorcières (34%) que les Français (18%).

Les miracles font recettes des deux côtés de l’Atlantique


  • Quand bien même les proportions sont différentes, Américains et Français aiment à croire aux miracles. Plus de 7 Américains sur 10 (71%) sont convaincus qu’ils peuvent survenir quand 43% des Français le pensent également.
  • Si elle a tendance à rester peu ou prou la même aux États-Unis au long des 20 dernières années, la croyance dans les miracles (71% aux USA) a évolué de manière non négligeable en France, passant de 34% en 2005 à 43% en 2023, soit près d’un Français sur deux aujourd’hui.
  • Le fait que le diable puisse exister convainc beaucoup plus outre-Atlantique qu’ici puisque plus de la moitié des Américains interrogés (54%, en baisse de 7 points par rapport à 2005) répondent par l’affirmative, soit 30 points de plus que les Français qui sont 24% à partager cette opinion. Notons qu’aux États-Unis, l’écart entre femmes et hommes est important sur cette question, 60% des premières y croyant contre moins de la moitié (49%) des seconds.
  • Autre différence de taille entre nos deux pays que celui concernant la présence d’OVNIS dans nos cieux. Une présence à laquelle adhèrent quelque 43% des Américains - 47% des hommes et 39% des femmes -, contre 28% des Français. Il est à souligner qu’aux USA, le nombre d’habitants estimant que les extra-terrestres visitent notre monde est en progression régulière depuis 2005 (34% à l’époque) tandis qu’il recule sensiblement en France (33% en 1982).
  • De ciel, il est encore question lorsque l’on aborde l’astrologie. Comme pour la quasi-totalité des items abordés dans cette étude, l’influence des signes zodiacaux sur nos vies rencontre plus d’adeptes aux États-Unis (42%) qu’en France (32%).

Le Top 5 des croyances

États-Unis

Miracles 71%

Diable 54%

Fantômes 46%

Démons 43%

OVNIS 43%

France

Miracles 43%

Transmission de pensée 40%

Astrologie 32%

OVNIS 28%

Réincarnation 28%

Le point de vue de Louise Jussian, chargée d’études senior au pôle Politique/Actualités de l’IFOP

« L’augmentation du nombre de personnes qui souscrivent à l’occultisme et aux phénomènes paranormaux, augmentation que nous avons déjà mesurée en France, est également une réalité aux États-Unis, ainsi qu’en témoigne cette étude. Mais elle y est plus forte aux USA, pays dont les habitants ont une approche moins complexée sur de tels sujets et n’hésitent pas à dire qu’ils y croient. Marqueurs d’une défiance accrue vis-à-vis des institutions politiques, médiatiques et religieuses, ces croyances trouvent une caisse de résonance importante via les réseaux sociaux, où leur affichage sert de catalyseur en montrant à celles et ceux qui y adhèrent qu’ils ne sont pas seuls. On mesure notamment outre-Atlantique une forte corrélation entre les adeptes des théories du complot, qui fleurissent sur Internet, et ceux qui croient le plus à l’occultisme et au paranormal. Quand on regarde le détail des profils qui ont le plus d’appétence pour les différentes formes d’occultisme, on constate qu’il s’agit notamment des femmes, des jeunes et des personnes appartenant aux catégories socio-professionnelles les plus populaires, catégories qui ont le plus besoin de se réassurer et tendance à expliquer leur situation par des phénomènes pouvant relever d'une rationalité alternative. »

*Enquête réalisée par l’IFOP pour AMB-USA par questionnaire auto-administré :

Du 18 au 20 janvier 2023 auprès 1 113 personnes représentatives de la population américaine âgées de 18 ans et plus.

Du 26 au 27 janvier 2023 auprès de 1 018 personnes représentatives de la population française âgées de 18 ans et plus. 

Photo : Cottonbro Studio