9/4/2025
 DANS 
SANTÉ

Les Français, le vieillissement et la fin de vie

Enquête diffusée en avril 2025

Les Français, le vieillissement et la fin de vie

À l'heure où l'Assemblée nationale va étudier, fin mai, deux textes sur les soins palliatifs et l'aide à mourir, quel regard portent les Français sur leur propre vieillissement ? En ont-ils une vision positive ou négative ? Jusqu'à quel âge souhaitent-ils vivre si leur santé le leur permet ? Pensent-ils que leur mode de vie favorise le bien vieillir ? Sont-ils prêts à prendre des médicaments afin de freiner les affres de l'âge ? Se sentent-ils suffisamment informés sur les dispositifs de fin de vie proposés en France ?

Pour répondre à ces questions, le groupe LNA Santé a confié à Flashs le soin d'interroger plus de 2 000 personnes âgées de 18 ans et plus. Leurs réponses apportent un éclairage particulièrement intéressant sur leur manière d’appréhender l’évolution vers le grand âge, entre pratiques mises en œuvre pour bien vieillir, intérêt pour les traitements et innovations médicales, craintes liées aux handicaps ou encore manque de repères sur les dispositifs liés à la fin de vie.

Vieillissement : le négatif l’emporte sur le positif

Les Français sont plus nombreux à considérer le vieillissement de manière plutôt négative que positive.

35% des Français voient le vieillissement de manière plutôt négative contre 26% qui l’appréhendent de manière plutôt positive ;

37% ne penchent ni d’un côté, ni de l’autre ;

39% des femmes en ont une vision plutôt négative contre 30% des hommes ;

C’est également le cas de 36% des 18-34 ans contre 27% chez les plus de 65 ans.

Plus d’un Français sur dix aimerait vivre au-delà de 100 ans

Dans leur grande majorité, les personnes interrogées envisagent de vivre au-delà de 80 ans si leur santé reste bonne, voire dépasser 90 ans pour plus de quatre sur dix.

70% des personnes interrogées aimeraient vivre entre 80 et 100 ans si leur santé était préservée, dont 30% entre 90 et 100 ans ;

12% souhaiteraient vivre plus de 100 ans dans ces conditions, dont 6% plus de 120 ans ;

En revanche, 18% n’envisageraient pas de vivre au-delà de 80 ans ;

Les hommes (15%) sont plus nombreux que les femmes (9%) à vouloir dépasser la barre des 100 ans.

Modes de vie plutôt sains

Même si les actions de prévention restent en deçà des recommandations, les Français sont nombreux à avoir intégré activité physique et alimentation équilibrée.

68% des Français pensent que leur mode vie leur permettra de bien vieillir, dont 11% en sont tout à fait convaincus ;

65% disent pratiquer une activité physique régulière et autant à veiller à leur alimentation ;

38% mettent en place des actions de prévention (bilans et dépistages), pratiques plus ancrées chez les seniors (54% chez les plus de 65 ans).

Oui au traitement antivieillissement

La perspective d’un traitement pour freiner le vieillissement séduit largement la population.

Les deux tiers (64%) des personnes interrogées sont prêtes à prendre un traitement médical pour ralentir le vieillissement ;

Parmi elles, 41% attendraient toutefois que le traitement ait été testé plusieurs années ;

29% des répondants seraient intéressés par un traitement permettant de rajeunir les fonctions cognitives ;

23% préfèreraient qu’il préserve les muscles et articulations, 16% le système cardio-vasculaire.

Finir ses jours à la maison

La possibilité d’une fin de vie à domicile avec des soins médicaux adaptés est de loin la solution privilégiée par les Français.

49% des Français souhaitent finir leur vie à domicile avec un soutien médical renforcé ;

14% optent pour un établissement médicalisé avec un accompagnement humain personnalisé ;

12% choisissent un cadre collectif offrant à la fois soins et présence sociale :

18% préfèrent ne pas y penser.

La souffrance physique, crainte numéro une

La moitié des personnes interrogées redoutent de finir leur vie dans des souffrances qui ne pourraient être apaisées.

50% des personnes interrogées craignent de souffrir sans pouvoir être soulagées en fin de vie ;

36% redoutent d’être un poids pour leurs proches ;

27% ont peur de perdre leurs facultés cognitives ;

23% sont inquiètes de devoir quitter leur domicile faute d’être suffisamment autonomes.

Fin de vie : des citoyens insuffisamment informés

Alors que les débats sur la fin de vie et l’aide à mourir devraient avoir lieu fin mai à l’Assemblée nationale, les Français jugent qu’ils manquent de repères sur la question.

65% des Français s’estiment insuffisamment informés sur les options concernant la fin de vie en France ;

Seuls 9% disent tout à fait les connaître ;

85% ont une idée de ce que sont les soins palliatifs, mais ils ne sont que 18% à savoir exactement en quoi ils consistent ;

51% sont capables d’expliquer la différence entre aide à mourir, euthanasie et suicide assisté, mais 40% d’entre eux de manière approximative.

26% pensent qu’il n’y pas de différences entre ces trois alternatives.

Le point de vue de Léa Paolacci, chargée d'études Flashs

L’étude révèle une perception ambivalente du vieillissement en France, entre aspiration à une longévité en bonne santé et crainte de la perte d’autonomie ou de la souffrance en fin de vie. Si beaucoup souhaitent vivre longtemps, la perspective d’une dégradation des capacités physiques et cognitives assombrit leur perception de l’âge avancé.

Dans ce contexte, l’attrait pour un traitement capable de ralentir le vieillissement traduit une évolution des mentalités. Deux tiers des Français se disent prêts à prendre un médicament pour préserver leurs facultés, témoignant d’une approche plus active du vieillissement. Loin d’un fantasme d’immortalité, ce désir reflète avant tout une quête de bien-être durable.

Parallèlement, cette analyse met en lumière un manque d’information sur la fin de vie : une majorité de Français se sentent démunis face aux dispositifs d’accompagnement existants. À l’heure où les débats sur l’aide à mourir s’intensifient, cette méconnaissance met en évidence un défi sociétal crucial en matière d’accompagnement en fin de vie.

Enquête réalisée par FLASHS pour LNA Santé du 11 au 14 mars 2025 par questionnaire autoadministré en ligne auprès d’un panel Selvitys de 2003 Français et Françaises âgé(e)s de 18 ans et plus, représentatif de la population française.