Étude en cours de diffusion
Près de 7 Françaises sur 10 mal à l'aise en maillot de bain
Saison propice à l’exposition des corps, l’été qui vient de débuter va confronter nombre de Françaises et de Français à leurs complexes physiques.
Si certaines et certains ont le body positivisme pour philosophie, d’autres vivent avec angoisse l’heure venue des tenues légères et des maillots de bain. Soumises aux images de corps parfaits qui leur sont renvoyées avec force en amont de la période estivale, les femmes sont celles qui ont le plus de mal à accepter leur corps et à le montrer à la plage.
L’étude menée par l’IFOP sur le thème du « Summer Body » et de ses conséquences, à la demande de FLASHS et du site spécialisé Voyageavecnous.fr, met en exergue cette pression qui amène la grande majorité de nos compatriotes à « préparer » leur corps à l’approche de l’été. Épilation, sport ou encore régimes sont de rigueur afin d’offrir au regard des autres la version la plus séduisante de soi-même.
Mais, lorsque l’on n’aime pas du tout son corps, la perspective de devoir le montrer tel qu’il est peut devenir une véritable source de souffrance et engendrer, comme le montrent les résultats de cette enquête, des troubles allant de l’anxiété à la dépression. Pour ceux-là, malheureusement, les charmes de l’été et du farniente ont un goût parfois amer.
Les Françaises aiment de moins en moins leur corps
Pris dans leur ensemble, 47% des Françaises et des Françaises disent ne pas aimer leur corps. Mais les femmes (60%) sont nettement plus nombreuses que les hommes (33%) à le vivre ainsi.
En 10 ans, le nombre de femmes qui indiquent ne pas aimer leur corps a considérablement progressé, passant de 46% en 2013 à 60% cette année.
Plus elles avancent en âge, plus le rapport des femmes à leur physique devient compliqué : 76% des plus de 65 ans en ont une perception négative.
Malaise en maillot bain
Dans ce contexte, montrer son corps partiellement dévêtu à la plage est source de gêne pour près de 7 femmes sur 10 (67%) et près de 4 hommes sur 10 (39%).
Le nombre de femmes mal à l’aise en maillot de bain à la plage a, lui aussi, augmenté depuis 2013. Elles étaient alors 61% à en faire état, soit 6 points de moins qu’en 2023.
Hormis les 15-17 ans (dont 24% se disent mal à l’aise en maillot), les femmes sont majoritairement gênées quelle que soit leur tranche d’âge : elles sont ainsi 72% chez les 25-34 ans, à peine moins que leurs aînées de plus de 65 ans (74%).
Comparaisons et injonctions
Les femmes qui n’aiment pas du tout leur corps identifient en premier lieu (56%) le fait de devoir se présenter en maillot de bain devant leur famille ou leurs amis comme moteur de leurs complexes. Viennent ensuite la comparaison avec le physique de leurs amies (54%), la pression médiatique au « corps parfait » (46%) et les images de ce type de corps dans les magazines ou les réseaux sociaux (41%).
Chez les hommes, c’est avant tout dans la perspective de séduire une potentielle partenaire que se nourrissent les complexes (81% de ceux qui n’aiment pas leur corps l’indiquent), puis dans la comparaison avec leurs amis (76%) et le fait de se mettre en maillot de bain (56%).
Les hommes sont par ailleurs plus nombreux que les femmes à avoir subi des remarques sur leur physique de la part de leur entourage (50% contre 32%) et sur les réseaux sociaux ou dans l’espace public (44% contre 20%).
Le “Summer Body” fait toujours recette
Préparer son corps à l’exposer au regard des autres au long de la période estivale demeure une pratique largement répandue : 93% des femmes et 78% des hommes s’y attellent d’une manière ou d’une autre.
Les Françaises apportent en premier lieu une attention à leur pilosité : 83% des femmes interrogées indiquent fournir un effort particulier dans ce domaine, effort auquel consent près d1 homme sur 2 (49%).
Chez les messieurs, l’étape majeure de cette préparation est axée sur le sport. 65% d’entre eux pratiquent en effet une activité physique en amont de l’été, légèrement plus en l’espèce que les femmes (59%).
En revanche, les femmes ont tendance à plus surveiller leur alimentation : elles sont 59% à faire un régime en vue de l’été contre 46% chez les hommes. Elles sont également plus nombreuses à préparer leur bronzage (47% contre 38%).
S’il demeure un passage incontournable pour des millions de Françaises et Français, le “Summer Body” semble toutefois en légère perte de vitesse. Pour exemple, les femmes indiquent faire moins de sport en 2023 qu’en 2017 (-14 points en 6 ans) et les hommes prennent leurs distances avec les régimes (-12 points sur la même période).
Les effets du « Summer Body » sur la santé mentale
La difficulté à accepter son corps et à le montrer tel qu’il est à la plage aboutit à la mise en place de stratégies de dissimulation, comme se vêtir d’un paréo ou d’un short pour se déplacer (84% des femmes et 48% des hommes y ont déjà eu recours). 62% des Françaises et 36% des Français se sont aussi promené sur le sable en rentrant leur ventre.
La perspective de s’exposer au regard des autres, à la plage ou à la piscine, est une réelle source d’angoisse pour près de la moitié (49%) des Français.es. Plus soumises que les hommes à la pression du corps, les femmes sont ainsi 49% à avoir vécu des périodes de stress et d’anxiété à l’approche de l’été, 40% à faire état de troubles du sommeil ou encore 35% à évoquer des épisodes dépressifs.
Sans surprise, les personnes qui n’aiment pas leur corps sont les plus affectées par ce type de troubles. Elles sont ainsi 69% à en avoir ressenti au moins un en amont de la période estivale contre 44% chez celles qui apprécient leur corps. Elles sont notamment deux fois plus nombreuses (53% contre 24%) à avoir pleuré durant cette période.
Le point de vue de Louise Jussian, chargée d’étude senior au pôle Politique/Actualités de l’IFOP
“Alors que l’heure est au body positivisme, le rejet de soi-même est en nette évolution chez les Français ces dernières années, particulièrement chez les femmes qui sont 6 sur 10 à ne pas aimer leur corps et près de 7 sur 10 à ressentir de la gêne lorsqu’elles sont en maillot de bain à la plage. Les injonctions au corps parfait, plus encore lorsqu’il est soumis au regard de l’autre, restent donc très prégnantes, en dépit des messages qui incitent à une meilleure acceptation de soi. Et expliquent pourquoi la pratique du “Summer Body”, même si elle est en légère perte de vitesse, reste très forte. À l’origine de nombreux complexes, cette pression à une esthétique corporelle idéale, qu’elle soit exercée par l’entourage ou par les médias, conduit malheureusement la grande majorité des femmes qui n’aiment pas leur corps à ressentir différents troubles - dépression, pleurs, insomnie - à l’approche d’une période estivale pourtant synonyme de repos et de détente.”
*Enquête menée par l’IFOP pour Voyageavecnous.fr du 1ᵉʳ au 5 juin 2023 par questionnaire auto-administré auprès d’un échantillon national de 1 006 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.
Photo : RDNE Stock Project