Étude diffusée en septembre 2023
Alors que sera célébrée samedi 26 août la journée mondiale du topless, qu’en est-il du vécu des femmes lorsqu’elles se rendent à la plage ? Y sont-elles exposées, comme dans la rue, à des comportements de harcèlement à caractère sexistes et sexuels ?
Malheureusement, les résultats du sondage mené par l’IFOP à la demande de FLASHS et du site dédié au tourisme VoyageAvecNous.fr confirment clairement que la plage est le théâtre de comportements déplacés et dangereux. Ainsi, près de la moitié des Françaises interrogées disent en avoir été victimes et, dans des proportions similaires, indiquent adopter diverses stratégies d’évitement lorsqu’elles sont sur le sable. Le dispositif Safer Plage, reconduit cette année à Marseille pour répondre en temps réel à ce type de situations grâce à une application, illustre, lui aussi, cette triste réalité et l’impérative nécessité d’y remédier.
Si ces agissements n’expliquent pas à eux seuls le déclin de la pratique du topless au fil des années, ils constituent néanmoins de sérieux freins à bronzer seins dénudés. Chez les plus jeunes notamment, les regards appuyés sur leur poitrine ou la crainte de voir sur les réseaux sociaux des photos prises à leur insu sont des arguments de poids pour ne pas enlever le haut.
Censée incarner un lieu de détente et de bien-être par excellence, la plage est donc pour de nombreuses femmes un endroit où les poursuivent les contraintes subies dans d’autres espaces publics. Avec cette vulnérabilité supplémentaire qu’elles y sont dévêtues et statiques.
Pressions sexistes et sexuelles : des situations choquantes et courantes
49% : C'est le pourcentage inquiétant de Françaises ayant déjà été victimes de harcèlement ou d'agression sexuelle sur les plages.
65% des femmes de moins de 30 ans ont subi des pressions ou du harcèlement à caractère sexuel et 31% d'entre elles ont été victimes d'au moins une forme d'agression sexuelle sur la plage.
Plus du quart (27%) des femmes interrogées par l’IFOP ont subi des atteintes à caractère sexuel (exhibition, attouchements, menaces…) sur des sites balnéaires.
Les femmes pratiquant le topless sont particulièrement concernées. 64% d'entre elles disent avoir été harcelées et 44% agressées sexuellement.
69% des Françaises interrogées saluent l'application Safer Plage mise en œuvre à Marseille, la considérant comme un moyen efficace de réduire le harcèlement et les agressions sur les plages. Elles ne sont toutefois que 39% à dire que son utilisation les inciterait à se déshabiller plus facilement sur les plages urbaines.
Des stratégies d'évitement face à l'insécurité
46% des femmes ressentent le besoin d'adopter des stratégies d'évitement lorsqu'elles se rendent à la plage. Ce chiffre monte à 72% chez celles ayant été victimes de harcèlement l'année précédente et à 56% chez les 18-24 ans.
26% renoncent à se baigner en maillot de bain, 24% évitent de porter certaines tenues, et 22% ne se rendent pas à la plage sans la présence d'amis ou de famille.
La pratique du topless : un symbole en déclin
Chez les Françaises âgées de moins de 50 ans, seulement 25% enlèvent le haut du maillot habituellement ou occasionnellement aujourd'hui, contre 43% il y a 40 ans.
Les plus âgées, qui ont connu l’émergence du topless au tournant des années 70, sont aujourd’hui les plus nombreuses à le pratiquer : 32% des femmes de plus de 65 ans sont dans ce cas contre 10% des 18-24 ans.
Les femmes sont presque deux fois plus nombreuses à avoir déjà bronzé seins nus sur une plage publique presque déserte (36%) que sur une plage très fréquentée (20%).
Le choix du maillot de bain est intimement lié à l’âge de celle qui le porte : plus on est jeune et plus on choisit le deux pièces. Ainsi, 69% des 18-24 ans et 64% des 25-24 ans optent pour le bikini quand 52% des 50-64 ans et 74% des plus de 65 ans préfèrent le maillot une pièce classique.
Santé, regards et photos volées
Les risques pour la peau de l’exposition au soleil sont évoqués par 53% des Françaises comme premier frein à la pratique du topless.
36% craignent par ailleurs la diffusion de photos sur les réseaux sociaux, 35% redoutent le regard des hommes, et 31% ont peur d'agressions.
Ces préoccupations sont accentuées chez les femmes de moins de 30 ans pour lesquelles la santé n’intervient qu’en quatrième position (38%). Cette tranche d’âge redoute avant tout le regard concupiscent des hommes (54%), la diffusion de photos prises à leur insu (51%) et la crainte d’une agression verbale, physique ou sexuelle (46%).
Le point de vue de Louise Jussian, chargée d’études senior au pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’IFOP
« Cette enquête met particulièrement en évidence que le sexisme ne s’arrête pas à la porte des vacances, alors même que la période est synonyme de bien-être, de détente et de loisirs. Malheureusement, on constate que la plage est aussi, comme d’autres lieux publics, un endroit où les comportements à caractère sexistes et sexuels sont fréquents, à l’exemple de la moitié des femmes interrogées qui disent y avoir été victimes de harcèlement et plus du quart d’une agression sexuelle. Dans ce contexte, l’application lancée par la ville de Marseille est vécue comme une initiative intéressante, mais qui devra faire ses preuves avant d’inciter les femmes à se sentir plus libres de leur tenue et de leurs mouvements. Comme on le voit à la lecture des résultats, les femmes sont en effet nombreuses à avoir adopté des stratégies d’évitement en réponse aux situations évoquées. Si d’autres raisons, comme la santé, sont évoquées, les pressions sexistes et sexuelles qu’elles subissent expliquent également pourquoi la pratique du topless est de moins en moins répandue, notamment sur les plages les plus fréquentées, et donc plus soumises au regard des autres et aux risques d’agression. »