Étude diffusée en mars 2023
WhatsApp : l’enfer, c’est les autres ?
L’histoire de Thomas D’Orazio a fait le tour de la planète mi-janvier 2023 lorsque ce père de famille américain originaire de Pennsylvanie a décidé de quitter le groupe WhatsApp familial. Un choix motivé par la pression qu’il disait ressentir face au nombre de posts, vidéos et selfies publiés par son entourage. Partagé par sa fille sur Twitter, la capture d’écran du message dans lequel il explique sa décision a été relayée plus de 15 millions de fois en trois jours et rencontré l’approbation de dizaines de milliers d’internautes disant vivre la même situation.
Alors, sur WhatsApp, l’enfer, c’est les autres ? Afin de le savoir, le comparateur de forfaits mobiles et box Lemon.fr a confié à l’IFOP le soin d’interroger les Françaises et les Français utilisant régulièrement l’application la plus téléchargée dans l’Hexagone en 20221.
Il ressort de cette étude qu’en dépit des désagréments rencontrés - nombre de messages, obligation de répondre, messages vocaux trop fréquents ou groupes inutiles… -, les utilisateurs de WhatsApp (propriété de Meta, qui détient aussi Facebook et Instagram) sont majoritairement satisfaits de l’usage - avant tout familial et amical - qu’ils font de l’application. Au point qu’un nombre non négligeable d’entre eux - 28%, soit environ 8 millions de Français - disent qu’ils auraient bien du mal à s’en passer dans leur vie sociale, les femmes étant plus nombreuses que les hommes dans ce cas.
7 Français sur 10 ont déjà utilisé WhatsApp
Le taux de pénétration de l’application chez les utilisateurs français est particulièrement impressionnant. Toutes les tranches d’âge sont concernées dans d’importantes proportions, y compris chez les plus âgés.
72% des personnes interrogées par l’IFOP disent s’en être déjà servi et plus d’un Français sur deux (57%) a été actif sur WhatsApp au cours des trois mois précédent l’enquête.
Si les 25-34 ans sont les plus nombreux (71%) à utiliser l’application, les seniors ne sont pas en reste : 44% des plus de 65 ans sont également dans ce cas.
Elle est particulièrement prisée chez les cadres (77% au cours des 3 derniers mois contre 52% chez les ouvriers).
Femmes et hommes utilisent WhatsApp dans des proportions similaires (58% et 56% au cours des trois derniers mois).
33% des utilisateurs sont membres de plus de 5 groupes sur WhatsApp
Si 16% des personnes interrogées indiquent appartenir à plus de 10 groupes sur l’application, plus de la moitié des utilisateurs français sont membres de 4 groupes et moins.
Les Français qui ont téléchargé WhatsApp sont en moyenne membres de 4,6 groupes.
Plus de 4 utilisateurs sur 10 (41%) sont membres de 2 à 4 groupes. Les 18-24 ans sont 56% dans ce cas.
Un tiers des Français (33%) sont membres de plus de 5 groupes sur le réseau social.
26% des dirigeants d’entreprises disent être membres de 10 groupes WhatsApp ou plus.
Groupes familiaux et amicaux en tête
Garder contact avec la famille et les amis est la première fonction de WhatsApp pour une très large majorité de Français. Mais les groupes de nature professionnelle ne sont pas en reste, notamment chez les jeunes.
Les Français actifs sur WhatsApp sont avant tout membres de groupes à caractère familial ou amical (74%).
Un lien apprécié par les plus âgés : 87% des personnes de plus de 65 ans actives sur l’application sont membres d’un groupe familial.
Plus d’un utilisateur sur deux (54%) appartient à un groupe de nature professionnelle. Les 18-24 ans sont les plus nombreux à en faire état (73%).
De même, cette tranche d’âge est celle qui fréquente le plus de groupes liés au scolaire (anciens élèves, parents d’élèves, étudiants…) avec 61% qui en sont membres.
Une satisfaction quasi unanime
Quelle que soit leur nature, les groupes WhatsApp suscitent l’adhésion d’une très large majorité d’utilisateurs.
Ainsi, plus de 9 membres sur 10 sont heureux d’appartenir à un groupe familial (96%), à un groupe amical (97%) ou encore un groupe à caractère associatif (93%).
En dépit des 20% d’utilisateurs qui aimeraient ne pas en faire partie, les groupes scolaires satisfont 8 membres sur 10.
Des désagréments bien identifiés
Se sentir obligé de répondre, recevoir trop de messages ou être agacés par certains membres de groupes sont parmi les désagréments les plus couramment cités par les utilisateurs.
La plus fréquente des conséquences de l’utilisation de WhatsApp consiste à mettre l’application en silencieux (63% ont déjà été dans ce cas), suivie par le fait d’être dérangé par un nombre trop important de messages (58%) et par le sentiment d’être obligé de répondre (51%).
Certains désagréments touchent également une part non négligeable de celles et ceux qui utilisent WhatsApp. Ainsi, 45% ont déjà été énervés par des échanges à caractère personnel au sein d'un groupe ou ont jugé sa création inutile, 38% ont eu du mal à supporter certains membres ou encore 39% ont été dérangés par le nombre de messages vocaux laissés.
Si appartenir à un groupe peut générer de la gêne, s’en trouver exclu est aussi source de frustration : plus d’un utilisateur sur cinq (21%) dit avoir regretté de ne pas avoir été intégré à un groupe créé par son entourage.
Plus d’1 Français sur 4 aurait du mal à se passer de WhatsApp
Qu’on y échange des nouvelles en famille ou entre amis, des recettes de cuisine, des bons plans de sorties ou des informations liées au travail, WhatsApp est aujourd’hui au cœur des relations sociales des Français. Au point que 28% des actuels utilisateurs auraient du mal à vivre sans.
Plus de 7 utilisateurs sur 10 (72%) indiquent qu’ils pourraient se passer de WhatsApp dans leur vie sociale.
Les 28% qui disent que cela s’avérerait difficile, voire impossible, représentent toutefois une population non négligeable : au regard du nombre d’utilisateurs actifs et du nombre de Français âgés de plus de 18 ans, cibles de cette étude, quelque 8 millions de Français seraient dans ce cas.
En la matière, un tiers des femmes interrogées (33%) indiquent qu’elles ne pourraient se passer de WhatsApp contre moins d’un quart des hommes (22%).
De même, 31% des 18-34 ans sont dans ce cas contre 22% des personnes âgées de 65 ans et plus.
Le point de vue de Thomas Pierre, chargé d’études pôle « Politique / Actualités » de l’Ifop
"Nouveau moyen de créer des urgences et obligations pour certains, outil permettant de conserver les liens interpersonnels pour d’autres, l’application WhatsApp s’est largement intégrée dans la vie sociale des Français (57% étant actifs dessus) et pose de nombreuses questions sur la gestion de sa sociabilité numérique. Les groupes envahissent la vie des Français (les utilisateurs en ayant en moyenne 4,6) : ils peuvent être de nature familiale (74% des WhatsAppeurs en ayant un), amicale (74% également), professionnelle (54%) ou scolaire (36%). Leur présence permanente se révèle toutefois source de nuisances pour une large part des utilisateurs. Ainsi, il arrive à 63% de mettre les notifications en silencieux, 58% d’être dérangés par le nombre de messages, à plus de la moitié des WhatsAppeurs de se sentir obligés de répondre (51%), ou bien encore à 45% d’être énervés devant une conversation entre deux personnes qui vire à l’échange personnel alors qu’elles sont dans un groupe.
Les groupes amicaux et familiaux apparaissent comme les plus à même de créer une forme de pression sociale et de déranger ceux qui en sont membres. Néanmoins, si cette situation est déjà arrivée à de nombreux utilisateurs, il est rare que ce désagrément soit systématique. Bien que les groupes WhatsApp créent certains agacements, contrairement aux idées reçues martelées par certains humoristes (Samuel Bambi, Gad Elmaleh…), les Français se montrent, de façon quasi unanime, contents d’être présents dans ces groupes de conversations.
Si WhatsApp peut causer quelques désagréments, ceux-ci demeurent globalement à la marge. Signe que si l’application peut amener une certaine intrusion dans la vie des utilisateurs, elle n’est pas pour autant un fardeau. Au contraire, certains ne peuvent plus faire sans : 28% des utilisateurs de l’application désormais détenue par Mark Zuckerberg confessent ne pas pouvoir s’en passer pour leur vie sociale."
1 https://www.data.ai/en/go/state-of-mobile-2023/
Étude réalisée par l’IFOP pour Lemon.fr les 14 et 15 février par questionnaire autoadministré auprès de 1 008 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatives de la population française.
Photo : Alex Green